Le 16 juillet 622, une poignée d'hommes s'enfuit de la cité de La Mecque pour la grande oasis voisine. De cet événement en apparence minime, quelque part dans la péninsule arabe, va surgir une religion à vocation universelle, l'islam...
Tout est venu d'un homme né 52 ans plus tôt dans une famille de marchands arabes de La Mecque, Mahomet. Selon ses dires, celui-ci a reçu une révélation du Dieu unique (Allah en arabe), plus tard transcrite dans le Coran (note).
Ses premiers disciples, que l'on appelle en arabe mu'min (rallié, dont on fera en français « musulman »), n'ont pas tardé à être l'objet de violences de la part des marchands de La Mecque. Ceux-là tiraient profit des pèlerins qui venaient de toute la péninsule adorer les idoles et la pierre sacrée du sanctuaire, la Kaaba. Ils craignaient que la prédication de Mahomet ne mette un terme à ces pèlerinages.
Après avoir envisagé de quitter La Mecque pour l'oasis de Taïf, à une centaine de kilomètres au sud, Mahomet est approché par des disciples originaires de Yathrib, une autre ville-oasis située à 400 kilomètres au nord de La Mecque.
Le 23 juin 622, à Aqaba, sur les bords de la mer Rouge, les représentants de Yathrib signent avec le Prophète un pacte d'alliance et acceptent d'accueillir ses disciples mecquois, au total 70 personnes. Peu après, le Prophète lui-même se résout à faire le voyage vers Médine en compagnie de son ami Abou Bakr. Leur départ de La Mecque se déroule sous le sceau du secret. Il a lieu le 16 juillet 622 selon la tradition fixée bien plus tard par le calife Omar. Il est désigné en arabe par le mot hijra (en français, Hégire) qui signifie émigration.
Suite à l'installation en son sein du Prophète, Yathrib prend le nom de Medinat an-Nabi (« la ville du Prophète ») - Médine en français -. Mahomet aménage sans attendre en son centre un lieu de prière ou mosquée (en arabe masjid). Il prend soin de rapprocher ses disciples mecquois et médinites dans une même fraternité et leur enseigne les rites de la prière commune.
Depuis une décision du calife Omar, l'année de l'Hégire marque le début officiel de l'islam, la nouvelle religion dont le Prophète a jeté les bases. Son nom et celui de ses fidèles viennent d'une expression arabe qui signifie : « soumission à Dieu ».
L'arrivée à Médine de Mahomet et de ses fidèles (environ 200 familles) ne tarde pas à épuiser les ressources de la petite oasis... cependant que, non loin de là, passent les caravanes des riches commerçants mecquois.
En janvier 624, en un lieu appelé Nakhlah, douze disciples de Mahomet attaquent une caravane de La Mecque. Ils tuent un homme d'une flèche et font deux prisonniers. Ils ramènent aussi un butin consistant dont ils remettent un cinquième au Prophète. L'affaire fait grand bruit car elle s'est produite pendant le mois de rajab. Il s'agit d'une période sacrée qui exclut le meurtre, selon le paganisme arabe.
Mahomet désapprouve dans un premier temps ses disciples. Ceux-ci sont consternés mais une révélation divine vient à point les réconforter (Coran, sourate 2, verset 217). Cette sourate précise qu'il est certes répréhensible de combattre pendant les périodes sacrées mais qu'il l'est encore plus de se tenir en-dehors du chemin d'Allah, comme les polythéistes de La Mecque.
En d'autres termes, la guerre sainte en vue d'étendre le domaine de l'islam peut excuser le meurtre dans les périodes sacrées. Cette forme de guerre est l'aspect le plus brutal du jihad. Le jihad recouvre un ensemble de prescriptions qui vont de l'approfondissement spirituel à la guerre sainte contre les infidèles en vue de propager l'islam dans le dar al-harb, ou domaine de la guerre.
Le dar al-harb désigne le monde hostile où il est licite de mener la guerre sainte, par opposition au dar al-islam, ou domaine de l'islam, et au dar-el-dawa, terre de prédication vouée à rejoindre le domaine de l'islam.
Le Prophète autoritaire
À Médine même, Mahomet impose sans ménagement son autorité. Selon les récits de la tradition, Asma, une poétesse ayant attaqué le Prophète dans ses vers, est poignardée dans son sommeil par Omeir, un musulman aveugle. Dès le lendemain celui-ci obtient un non-lieu de Mahomet. Le même sort attend Afak, un juif centenaire. Kab ibn al-Ashraf, un troisième poète, met en rage les musulmans en adressant des vers d'amour à leurs femmes. Mahomet réclame des sanctions et, le soir même, la tête de l'impudent roule à ses pieds.
Pour pacifier les relations entre les deux clans de l'oasis, l'un autour de la tribu Khazraj, l'autre autour de la tribu Aws, le Prophète édicte une « constitution », la Sahifa. Elle autorise la liberté de culte, y compris des juifs, chrétiens et autres sabéens. Mais la présence de plus en plus envahissante des musulmans irrite les tribus juives. Il va s'ensuivre un conflit violent entre les deux communautés...
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