Le 12 Septembre, date de ses 34 ans, est le jour fixé entre lui et le Christ, pour se rendre aux autorités coloniales Belges afin que son corps matériel soit livré aux sacrifices entraînant humiliation et une grande souffrance physique et mentale.
Kimbangu dira à tous ceux qui étaient avec lui :
« Moi et certaines personnes ici présentes, nous serons arrêtés, jugés, relégués loin de nos villages. Quant à moi, je serai condamné à mort. Mais ils me mettront en prison où j’y resterai jusqu’à ma mort. Quoi qu’il arrive, cette œuvre pour laquelle je suis envoyé ne peut être anéantie. »
Le jour même : 12 Septembre 1921, Kimbangu se rendit de lui-même au groupe de militaires qui venaient d’arriver à Nkamba en leur disant :
« A ceux qui cherchent ma vie, me voici ! »
Arrêté, battu sauvagement, enchaîné au cou, aux poignets et aux chevilles : tel fut le sort de Kimbangu ; ainsi que nombre de ceux qui le suivaient, par solidarité. Des milliers de familles se substituèrent volontairement prisonnières. Kimbangu et tous ses suiveurs furent emmenés à pied jusqu’à Thysville (actuel Mbanza Ngungu ) situé à 72 kilomètres de Nkamba. En tout 37000 familles seront déportées pour cette cause juste.
Tous les détenus feront ce trajet dans le bonheur de participer à l’événement qui marquera l’histoire de l’homme Noir, trop contents d’être les éléments de l’accomplissement de la volonté de Dieu. Tous dans la joie et l’allégresse, chantaient et priaient en louant la grandeur de Dieu par les cantiques de la liberté et de la glorieuse victoire, bien qu’étant enchaînés.
A la prison de Thysville, en attente de son jugement, le père Jean Constant Van Cleemput de la mission catholique de Tumba essayera d’exécuter le plan d’élimination physique de Kimbangu par la coalition de malfaiteurs qui tenaient à l’éliminer, en lui proposant affectueusement un plat de pigeon cuit et empoisonné.
Le père Van Cleemput dit à Simon Kimbangu : « Je suis le Père Van Cleemput, je sais que tu es affamé, c’est pour cela que par la grâce de Dieu, j’ai fait préparer cette nourriture pour que tu puisses manger. »
Kimbangu répondit :
« Es tu vraiment un serviteur de Dieu ? Qu’as-tu mis dans ce repas ? »
Ensuite Kimbangu s’adresse au pigeon cuit étalé dans l’assiette en disant :
« Éloigne-toi de moi, Satan ! »
Aussitôt le pigeon redevint vivant et s’envola sous le regard d’autres prisonniers et du prêtre sur qui toute la sauce du plat s’était éjectée lors de l’envol de l’oiseau, salissant toute sa soutane. Confus par ce miracle et contrarié, le prêtre répliqua méchamment à Kimbangu en disant :
« Kimbangu, tu prétends bâtir une grande église, as-tu seulement de l’argent pour le faire ? »
Kimbangu lui dit
« Les fidèles constituent ma richesse. »
Les missionnaires, catholiques comme protestants, le Bula Matari et tout le système colonial avaient cherché à faire disparaître physiquement Kimbangu par des méthodes obscures, sans passer par un procès. Mais en vain.
Après son procès, l’on avait programmé son emprisonnement à vie dans la prison d’Elysabethville à plus de 2000 kilomètres de là.
Le jour de son départ, Kimbangu, enchaîné comme un esclave, les mains liées au dos, était entouré de 40 soldats sous les ordres d’un officier belge.
Arrivé à la gare de Thysville pour prendre le train de Léopoldville (actuelle Kinshasa) Kimbangu fut accompagné de centaines de milliers de personnes dont le destin était scellé pour un voyage sans retour
La foule qui se trouvait à la gare attendait un message de Kimbangu :
« Ils t’emportent on ne sait où, mais qu’est ce que tu nous laisses ? »
Kimbangu leur répondit d’une voix solennelle :
« Je vous laisse la bible, lisez-la à chaque instant et scrutez la. Observez et appliquez les dix commandements de Dieu sans défaillance. »
Aussitôt Kimbangu exprime le désir auprès d’un soldat, de voir pour la dernière fois, sa femme Muilu et ses deux enfants : Dialungana et Dianguenda. Le soldat transmit le message à son officier. Mais celui-ci rejeta ce qui paraissait la dernière volonté de Kimbangu avant son départ vers l’inconnu.
Lorsque l’ordre du départ de train fut donné par le chef de gare, le train ne put partir. La locomotive était retenue par une force mystérieuse.
L’on crût d’abord que le machiniste sénégalais, pris de compassion pour ses semblables, n’osait conduire ce train de la déportation Kimbanguistes.
Le conducteur belge en bon connaisseur de l’engin, s’en pressait prouver le contraire. Rien à faire, le train ne démarrait toujours pas. Alors, l’on fît appel à sa famille.
Une fois sa femme et ses deux enfants, le deuxième âgé de 5 ans et le troisième qui avait 3 ans embrassés ( car le premier, Kisolokele était déjà relégué à Boma chez les prêtres pour un lavage de cerveau) ; Kimbangu leur donna ses dernières instructions à tour de rôle, les bénit tous et fit une prière sous la surveillance de l’officier Belge. Ces adieux faits, il dit à l’officier Belge :
« J’ai fini, nous pouvons maintenant partir »
Aussitôt l’ordre de départ fut à nouveau donné. Cette fois-ci, le train démarra sans problème.
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